vendredi 30 janvier 2009

Philip Roth - Dead Man Talking

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Décidément, Philip Roth n'en finit plus d'être hanté par la mort, au point que sa bibliographie des années 2000 (à l'exception notable de The Plot Against America) finisse par dangereusement ressembler à un cimetière métaphysique. Notez que c'est un sujet qui n'a pas manqué de lui inspirer quelques chef-d'œuvres, oui mais voilà : à soixante-seize ans, il a désormais écrit le roman définitif sur la question (Everyman, rétrospectivement peut-être LE livre qu'on retiendra de cette décennie), et maintenant que le cas Zuckerman est réglé que lui reste-t-il à écrire ? Un livre dont le narrateur est mort évidemment ! Ca tombe sous le sens. Du moins selon sa logique à lui.

Aussi apprend-t'on au bout de quelques dizaines de pages que ce Marcus qui nous cause est mort depuis déjà un petit moment. Avouons-le : c'est sans la moindre surprise que l'on reçoit cette révélation tant le ressort parait usé. Tout comme l'ensemble d'Indignation, à vrai dire. Non que les mésaventures de ce jeune homme fuyant la parano paternelle pour s'enfermer dans l'Enfer de l'université ne soient plaisantes à lire, bien au contraire : Roth retrouve ici une verve caustique qu'on ne lui connaissait plus depuis la grande époque des "Zuckerman" (j'entends bien sûr par là ceux des années quatre-vingt - The Ghost Writer et Cie.). Avec son antihéros pain in the ass comme pas permis et une plume plus rageuse et nerveuse que jamais, il signe même par moments quelques une de ses pages les plus puissantes, jouissives, excitantes...

... mais alors quoi ? Qu'est-ce qui cloche ? Fondamentalement, rien. Indignation est un livre fort, marrant, plus complexe qu'il y parait et ambigu à souhaits (car c'est bien parce qu'il est un insoumis refusant de se plier au système que Marcus foire sa vie de bout en bout). Simplement... l'inconditionnel de Roth risque fort de le parcourir en fronçant les sourcils tant l'intrigue comme les personnages revêtent parfois un petit côté déjà-vu. A la manière de The Dying Animal , aussi solide que caricatural, Indignation a quelque chose de trop rothien pour être honnête. Le narrateur ressemble vraiment beaucoup à Portnoy (il n'a pas les mêmes problèmes mais raisonne très souvent comme lui), quant à la structure... que ce soit la vie qui défile devant ses yeux ou la manière dont l'auteur prend plaisir à le broyer... tout cela, quelque part, fleure un peu la redite. C'est peu ou prou le "concept" d'Everyman que Philip Roth recycle sur le mode comédie grinçante (quant Everyman c'était plutôt un dernier sourire avant de mourir avec classe). Il aurait fusionné ces deux chefs-d'œuvres qu'on n'aurait sans doute pas lu un livre très différent.

Or c'est connu : en littérature comme en tout, chef-d'œuvre plus chef-d'œuvre est rarement égal à chef-d'œuvre. Indignation a beau être un bon livre, ne souffrant que de très peu de défauts en terme strictement technique... Philip Roth l'a déjà écrit plusieurs fois au cours de sa passionnante carrière. Il a beau s'avaler vite et bien, il n'apportera absolument rien à l'œuvre considérable du Plus Grand Ecrivain Vivant TM. Qui, c'est vrai, ne nous avait pas habitué à commettre ce genre d'ouvrage inutile. Quelque part c'est rassurant : Philip Roth est donc humain !


👍 Indignation 
Philip Roth | Houghton Mifflin, 2008

5 commentaires:

  1. yeah yeah yeah! Le golb renaît de ses cendres, j'avais peur que tu aies tout plaquer, pouf, comme ça...
    Bon retour!

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  2. On est bien chez blogspot, hein ?

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  3. Mo >>> "j'avais peur que tu aies tout plaqué, pouf"... mince, l'espace d'un instant, j'ai cru lire : "j'ai eu peur tu aies tout plaqué pour une pouf"... :-//

    A-L >>> on est pas mal, il fait chaud, et les voisins sont sympas ;-)

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  4. Ah mais je ne me permettrais pas, tu aprs avec qui tu veux!!

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  5. Waouh, t'es plus tolérante que ma femme ;-)

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