mardi 24 mars 2009

Elvis Perkins - Fanfare for the Sad Muse

...
Il y a deux ans KMS me faisait découvrir avec émotion (partagée) le très beau premier album d'Elvis Perkins, Ash Wednesday (même le titre était superbe). Une véritable révélation tant le fils d'Anthony et de Berry Berenson venait de publier un de ces disques qui vous accompagnent dans chaque micro moment de votre vie. La guitare en bandoulière et les plaies béantes (son père mort du Sida, sa mère s'écrasant contre le World Trade Center un certain 11 septembre) exposées avec une distance salvatrice... il n'en fallait pas plus pour voir en lui un espoir folk comme chaque année nous en offre un ou deux - tout le problème étant que la plupart ne concrétise jamais complètement au moment de publier le second album.


Perkins lui concrétise... à vrai dire il fait bien plus : il gagne en une poignée de chansons renversantes ses galons d'artiste de premier ordre. Depuis deux ans il n'a quasiment fait que tourner, accompagné par un groupe de scène devenu sa seconde peau, au point que ce nouvel album en porte le nom : Elvis Pearkins In Dearland. Tout un programme. Et pourtant bien que le titre annonce la couleur, on est malgré tout surpris par l'énergie et la vitalité qui se dégage du disque. C'est qu'après un opus aussi tourmenté qu'Ash Wednesday il fallait bien tenter de rééquilibrer la balance, ce dont Perkins s'acquitte avec une classe ébouriffante. Non qu'on nage en pleine gaieté - au contraire : les textes ("Chains, Chains, Chains", "Doomsday") sont tout aussi noirs et désolés qu'il y a deux ans ; mais les mélodies sont bien plus aérées, absolument joyeuses, les rythmiques remuantes, les arrangements forains imparables. L'art délicat du décalage et de la distance mené à son paroxysme : à entendre "I Heard Your Voice In Dresden", on jurerait qu'on est en face d'un album de folk-rock chaleureux et gouailleur, quand Perkins ne fait qu'y parler de mort et de damnation - ses thèmes de prédilection.

Et ça marche : dès la première écoute on pleure et l'on rit simultanément, totalement conquis par une bonne moitié des titres, l'inaugural "Shampoo" en tête (qui évoque directement le Olson & Louris de l'an passé). Un "Hey" rappelant Dieu (... enfin : Cash) à notre bon souvenir, une douceur nommée "Hours Last Stand"... il n'en faut pas beaucoup plus pour commencer à se demander si d'aventure on ne va pas être tenté de mettre la note maximum. La suite relativise cette hypothèse, avec quelques titres un cran en-dessous (les deux derniers notamment). Mais elle enchante au moins autant, entre un hard-blues qui n'aurait pas dépareillé chez les Black Keys et la fanfare de "Doomsday", aussi dansante que poignante.

Tout en évoluant dans un registre folk-rock (mâtiné de rockabilly) paradoxalement plus balisé, Perkins s'affirme comme un des meilleurs songwriters contemporains - il sera très difficile à l'avenir de le résumer à son nom ou à sa funeste biographie. Il risque même sûrement de s'attirer une cohorte de nouveaux fans à cette occasion. Une excellente nouvelle, puisqu'on tient là l'un des grands disques de l'année.

 

👍👍👍 Elvis Perkins In Dearland 
Elvis Perkins In Dearland | XL Recordings, 2009

CE QU'EN PENSE KLAK (c'est par politesse, en fait, puisqu'on en pense pareil...)  
...

29 commentaires:

  1. Une vraie pépite, cet album !

    BBB.

    RépondreSupprimer
  2. Moi je les aurais mis, les six.

    RépondreSupprimer
  3. Content de voir que nous sommes plusieurs à partager cet enthousiasme...

    RépondreSupprimer
  4. Je viens de choper le Perkins, je vais l'écouter dans la journée
    Sinon, il y a une petite surprise qui t'attends dans ta boîte mail...

    RépondreSupprimer
  5. Un de albums du moment dans ma platine.
    Tu viens d'écrire l'article que je n'ai plus besoin de faire !
    Ce bonhomme a la grande classe !

    RépondreSupprimer
  6. Content de voir que nous sommes plusieurs à partager cet enthousiasme (bis)

    RépondreSupprimer
  7. ben oui moi aussi "Content de voir que nous sommes plusieurs à partager cet enthousiasme... "
    et puis merci pour le lien

    RépondreSupprimer
  8. Comme quoi, l'unanimité, c'est tout de même, un peu, ennuyeux !

    :)

    BBB.

    RépondreSupprimer
  9. Vous avez raison, tout fout le camp :-)

    RépondreSupprimer
  10. roh mais ça va pas du tout Thom, tu va à l'encontre de la critique de Télérama! XD

    RépondreSupprimer
  11. T'aurais pu mettre le lien :-)

    Je viens de la lire... eh bien ma foi, je suis cohérent avec moi-même. Contrairement à Télérama ;-)

    RépondreSupprimer
  12. qu'est-ce qu'ils disent Télérama ?
    ah ! oui. je viens de lire...
    moi aussi, à la première écoute, j'étais un peu déçu de ne pas entendre un While you're sleeping bis etc.
    Mais ce nouveau disque est une excellente facture tout de même, une vraie patte à part dans l'écriture et son interprétation, ce que tu as dit en somme.

    RépondreSupprimer
  13. J'ai l'impression que Télérama sous-estime beaucoup le second parce qu'ils ont sur-coté le premier. Ash Wednesday était un très bel album, avec quelques grands titres (dont "White You're Sleeping", en effet), mais il était un peu monotone dans sa seconde moitié, et ne contenait pas que des choses mémorables. Je trouve In Dearland bien plus riche et équilibré...

    RépondreSupprimer
  14. Parfaitement d'accord avec votre dernière réflexion (unanimité, quand tu nous tiens).

    BBB.

    RépondreSupprimer
  15. Qui pourrait bien avoir envie de soutenir Télérama, aussi...

    RépondreSupprimer
  16. J'ai longtemps défendu Télérama contre le snobisme des supra-snobs les taxant d'être snobs, mais franchement niveau musique, le journal ne vaut plus grand-chose depuis le départ de Philippe Barbot...

    RépondreSupprimer
  17. C'est clair. Pour citer Art-Rock, ils doivent vraiment être désespérés, les gars ^^

    RépondreSupprimer
  18. ha ha ha ! sacré Thomas.
    Remarque, ils avaient aussi cité Pop Hits et fait un billet dans la version papier dessus en lui collant une super bonne note, preuve qu'ils ne sont pas si foutus que ça ^^.

    Bon, sinon, plus sérieusement, déçu que Paquotte ait passé l'arme à gauche, quand même.

    Pour le Perkins, je reste un peu sur ma faim (2 écoutes seulement), mais je sens qu'il peut basculer dans la catégorie des albums que je vais subitement écouter 4 ou 5 fois dans la journée, puis beaucoup beaucoup comme un dingue.

    Ou pas.

    À voir.

    RépondreSupprimer
  19. Non non : preuve qu'ils sont perdus depuis. La logique eut en effet voulu qu'ils citent le Golb après une telle paire... le fait qu'ils ne l'aient pas fait montre bien que depuis, ils sont en chute libre :-)

    RépondreSupprimer
  20. après une telle paire...
    je reste dubitatif...


    de l'époque où j'écoutais encore Lenoir, disons 1991... Hugo Cassavetti faisait des interventions pas si inintéressantes que cela pourtant.
    Tout fout le camp (même Paquotte ? je l'apprends et suis marri...

    RépondreSupprimer
  21. Personnellement je n'éprouve ni attrait ni rejet particuliers face à Télérama, tu sais... je dirais même que je lis sans doute plus souvent des absurdité (en matière de musique, du moins) dans les Inrocks que dans Télérama...

    RépondreSupprimer
  22. j'ai grandi avec et seulement arrêté de les lire quand je suis parti de chez mes parents : j'y ai puisé ma culture littéraire, ciné et musicale des premières heures et me suis forgé un esprit critique qui me permet parfois de n'être pas d'accord avec eux !
    :-)

    RépondreSupprimer
  23. Je le lisais autrefois dans les mêmes conditions...

    RépondreSupprimer
  24. Dahu Clipperton28 mars 2009 à 16:21

    Bon, faut que je me rattrape sur Elvis Perkins...

    Sinon, celui qui manque tout particulièrement à la section musique de Téléramouchka, c'est François Gorin, non ?

    (et à la section cinéma aussi)
    (parce que bon, Marlène Amar, Pierre Murat, pffff...)

    RépondreSupprimer
  25. Je m'aperçois qu'en fait, je suis le seul à ne jamais ouvrir ce journal... :-)

    RépondreSupprimer
  26. Quoi? Vous êtes encore sur Téléramoche ? roooooh.

    RépondreSupprimer
  27. Eh oui... autant de dire que pour le Doc , c'est le grand soir !

    RépondreSupprimer
  28. Album magnifique!

    Merci pour cette découverte!

    Clélia.

    RépondreSupprimer
  29. De rien :)

    Heureux que ça te plaise.

    RépondreSupprimer

Si vous n'avez pas de compte blogger, choisir l'option NOM/URL et remplir les champs adéquats (ce n'est pas très clair, il faut le reconnaître).